Cheikmodine Mayotte – épouse Kaulanjan – 1896 –

Mayotte Cheikmodine a été une femme très calme, très discrète. Elle est née le 30 septembre 1896 au hameau de Bel Etang à Sainte-Anne. Elle est née en Guadeloupe. Elle avait une grande famille de onze enfants. Ses enfants se prénommaient : Syllabe, Consonne, Voyelle, Erèse, Euphrasie, Gisèle, Valentine, Marceline, Clotilde, Raymond, Gilbert. Son époux était Kaulanjan. Il est né à Petit-Canal le 30 novembre 1894 et meurt le 16 avril 1973.

Son nom d’épouse était Kaulanjan. Son nom de jeune-fille était Cheikmodine. C’était une femme très effacée. Elle avait à cœur de garder ses racines par la cuisine et son jardin. Cette femme ne parlait pas beaucoup. C’était une femme très calme, très à l’écoute de son époux. Elle était, en un sens, soumise. Elle ne travaillait pas. Elle était toujours dans un petit coin, tranquillement. Mayotte Cheikmodine utilisait souvent le mot Anman et Annin (frère). Elle se qualifiait comme une Zindienne. C’était une femme qui était illettrée, elle s’exprimait souvent en créole. Elle aimait cuisiner des repas guadeloupéens d’origine indienne. Elle faisait des lotis secs, du Colombo. Avant, il existait plusieurs types de lotis (loti sec, loti frit, loti à pouli). Le loti à pouli possède une farce à l’intérieur. Le loti frit était cuit dans un récipient rempli d’huile. Le loti sec de Mayotte Cheikmodine était cuit sur un Tawa (une plaque plate semblable à une crêpière). Le Tawa est placé directement sur le feu, il est souvent en fer à l’époque. Elle ne mangeait pas de pain ou en prenait très peu. 

Son petit-fils l’a connue et côtoyée au moment de sa retraite. Pourtant elle aimait que ses petits-enfants viennent la voir. Ces derniers jouaient souvent chez elle, ils allaient chez « Gran Anman ». 

Le souvenir qu’il en garde est qu’elle faisait des lotis tous les jours, elle les donnait à ses enfants pour qu’ils puissent aller à l’école ou au travail avec le déjeuner. Les petits enfants partaient tôt le matin avec leurs repas, ce dernier était composé de Loti et de Dhal. 

Il se rappelle que madame Cheikmodine ou Gran Anman avait un jardin derrière sa maison. Elle y plantait beaucoup de curcuma. Son époux était géreur d’habitation. Henry Sinnan, un cousin était économe, il venait souvent chez ses grands-parents. Les guadeloupéens d’origine indienne (homme) occupait différents postes dans l’habitation. Le géreur avait pour responsabilité d’organiser, de veiller au bon fonctionnement du secteur qui lui avait été attribué. L’habitation était découpée en différents secteurs, l’habitation était composée parfois de 20 à 30 hectares. Madame Cheikmodine était femme de géreur, elle aimait réunir sa famille chez elle, les rassembler, les recevoir. Parfois ses petits-enfants dormaient chez elle. 

Mayotte Cheikmodine a dédié sa vie à son foyer. Elle faisait passer ses enfants, ses petits-enfants avant elle. Elle était soucieuse de leurs bien-être. C’était une femme d’action, elle montrait l’amour qu’elle leurs portait en étant présente et en aimant les recevoir chez elle, sa maison était toujours ouverte à sa famille. Elle a poussé ses enfants à aller à l’école. Elle avait un fils inspecteur à l’usine, un autre géreur et une de ses filles a eu un certificat d’étude. Cette femme était illettrée mais elle avait à cœur que ses enfants et petits-enfants ne le soient pas.  C’était une femme debout, l’éducation de ses enfants était primordiale pour elle. Elle meurt à Petit-Canal le 26 avril 1968.

Portrait n°10 écrit par Minakshi Carien

D’après le témoignage de son fils Eliezer Sitcharn et madame SOMAI-GANGA Josélita.

(Monsieur Eliezer Sitcharn a été le président de l’Association Culturelle Guadeloupéenne des Amis de l’Inde pendant de nombreuses années. Je tiens à le remercier pour cette contribution)

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