Virginie Ramassamy née Moutoucarpin -1904 –
Virgine Ramassamy était une femme battante. Elle n’était pas une militante. Elle avait très peu de place pour la religion et la pratique culturelle. Mère de seize enfants, elle a épousé Kichenin-Celeste Ramassamy. Il était possible à cette époque qu’un couple soit épaulé par leurs familles. Certains de leurs enfants pouvaient être élevé par des « Mabonnes » (femme qui s’occupait des enfants) ou par des « Nanni » (leurs grands-mères). Ce couple a élevé onze de leurs enfants.
Virgine Ramassamy née Moutoucarpin était cultivatrice. Son travail occupait une grande place dans sa vie. Son époux et elle, devaient tous deux fournir un dur labeur pour pouvoir nourrir et vêtir leurs enfants. Ils s’investissaient totalement dans le travail de la terre. Ils n’avaient que peu de temps à consacrer à l’éducation de leurs enfants. Ils avaient peu de moyen.
Madame Ramassamy fait partie de cette génération des premiers enfants d’Indiens et d’Indiennes. Née en 1904, ses parents n’avaient pas la nationalité française. Elle avait l’obligation de s’intégrer et de travailler pour s’enraciner en terres créoles. Elle était catholique mais ne disposait pas ou peu de temps pour une pratique religieuse. Elle demeurait croyante. Sa culture indienne n’était pas un élément marqueur de son quotidien, à part la partie culinaire. Son indianité était manifeste quand elle parlait d’elle-même en tant que Zindienne. Elle employait des termes d’origines indiennes, on pouvait l’entendre évoquer le « Kolbou » (Colombo), « Coolie » (travailleurs sous contrat), « Annan » (le fils), « Appa » (le père), « Kalkata » (personne provenant du Nord de l’Inde), « Malaba » (personne provenant du Sud de l’Inde), « Mandja ou Manja » (le curcuma), « Talchou » (épices revenues dans de l’huile et rajoutées en fin de cuisson d’un plat), « An pangal » (n’importe comment). Elle cuisinait tous les mets traditionnels et authentiques. Tous les légumes tels que le « Parka » (Pawoka), le « Moulounkilé » (Moringa), « Pikenga » (Pichenga), « Avaléï» (Avelka), « Podlenka »(Poldlanga ou Gourde), et tous les colombos. En tant que cultivatrice, elle avait la main verte et possédait un jardin rempli de plantes différentes. Elle y plantait du Tulsi, du Pawoka, du Curcuma, de la Menthe, et bien d’autres plantes connues pour leurs multiples vertus. Elle avait aussi des plantes utilisées dans le cadre de soins, rappelons qu’à son époque ces travailleurs n’avaient pas de médicaments. Ils se soignaient comme ils le pouvaient et avec les semences qu’ils cultivaient dans leurs petits carrés de terres à proximité de leurs cases (maisons).
Madame Ramassamy était une battante, elle avait du courage. Malgré les afflictions, elle donnait le mieux à ses enfants. Cette femme shakti était une femme très douce, courageuse et combattante. C’était une très bonne maitresse de maison, elle gérait au mieux le quotidien avec le peu qu’elle avait. Elle a un grand sens du devoir, du travail, il lui permettait de nourrir et vêtir ses enfants.
Portrait n°50 par Minakshi Carien
D’après le témoignage de sa petite-fille Dhanya Kitterimoutou
Résident au Moule en Guadeloupe

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Minakshi Carien (27 mars 2023). Virginie Ramassamy née Moutoucarpin -1904 – Projet çak. Consulté le 18 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/t1bn