Antoinette Félicité Narayaninsamy née Permal dit « Man Nénette » – 1920 –
Antoinette Permal était une femme « dévouée », « coquette » et « élégante ». Son nom de jeune-fille était Permal. Son père s’appelait Antoine Permal et sa maman Lucienne Odouha. Madame Permal n’a pas eu d’enfant mais elle a élevé cinq enfants comme si c’était ses propres enfants avec son époux Maxime Narayaninsamy. Les deux premiers enfants étaient issus du premier mariage de son époux. Quand elle l’a épousé, il était veuf. Puis au sein de leur foyer, elle a élevé son neveu, puis les deux enfants de ce dernier. Cette famille habitait à la campagne dans la section de Fond Cacao dans la commune de Capesterre-Belle-Eau.
Madame Narayaninsamy avait un fort esprit de famille. Elle donnait une place primordiale à l’éducation de ses enfants. Cette femme active était mercière de profession. Elle y consacrait beaucoup de temps, ce travail représentait véritablement « une occupation de sa journée ».
La mercière ou le mercier était une personne qui travaillait dans une mercerie. Cette fonction faisait partie des métiers anciens, des métiers oubliés. Au Moyen-Âge, le mercier était un marchand. Il rassemblait des marchandises les plus diverses et les mettait à la disposition des acheteurs. Progressivement au XIXe et au XXe, la mercière est devenue une vendeuse d’articles permettant les travaux de couture, les travaux de confection de vêtements, de fabrication des outils nécessaires à la confection et à la couture. Il existait de nombreuses merceries en Guadeloupe dans plusieurs communes, notamment dans les villes de Pointe-à-Pitre ou de Basse-Terre, où elles étaient situées dans le bourg. Il y avait également des merceries dans les sections communales. Madame Narayaninsamy possédait sa propre mercerie. C’était une petite boutique de quartier à Fonds-Cacao. Son époux lui avait ouvert ce commerce.
Dans la section de Fond-Cacao, il y avait un très grand moulin, où les gens du quartier emmenaient leurs graines de café. Cette opération permettait de séparer le grain du café pour le moudre et ainsi le transformer en poudre de café. Le couple de Man Nénette et de Papa Assim selon leur petite-fille était des gens plutôt aisés pour leur époque. Ils ont élevé leur petite-fille. Ils possédaient un jardin potager. C’est Papa Assim qui s’en occupait. Dans ce jardin, on pouvait trouver de nombreuses plantes et arbres fruitiers notamment des caféiers mais aussi du Curcuma, du Moringa et bien d’autres plantes. Man Nénette faisait elle-même son Masalé avec sa roche.
Une fois que sa journée était terminée à la mercerie, le soir venu, Antoinette Permal se concentrait sur l’organisation de son foyer. Elle n’était pas une militante, ni une battante. Sa culture indienne était visible dans ses préparations culinaires. Elle faisait des talchi (épices revenues dans de l’huile ajoutées en fin de cuisson à un plat pour lui redonner des saveurs). Elle cuisinait les pois du Moringa connus sous le terme « Moundeka ». Elle était catholique. Elle employait des termes d’origine indienne. On pouvait l’entendre parler des Kalkata (personne provenant de la ville de Calcutta). Elle employait l’expression « Nanni Nannan » caractérisant un temps fortement éloigné, expression dont la traduction française serait « il y a fort longtemps ». Elle se définissait comme une Zindienne, elle parlait créole. Son expression favorite était « Tonné didié » (littéralement Tonnerre de Dieu). Cette expression est souvent employée avec un ton véhément, pour accentuer quelque chose. Elle traduit l’idée d’une vérité divine, quelque chose qui nous dépasse.
Antoinette Permal avait un fort esprit de famille, cette femme shakti était active et d’une grande beauté. Elle aimait être féminine, s’habiller avec élégance et coquetterie. De par sa profession, mercière, elle avait ce goût d’avoir une tenue vestimentaire impeccable. Ses origines indiennes se remarquaient discrètement dans son foyer, à travers les odeurs des épices indiennes et l’emploi d’expression en langue indienne. Cette femme était dévouée à sa famille et à son travail. Elle possédait une machine à coudre, elle confectionnait ses tenues elle-même.
Portrait n°20 par Minakshi Carien
D’après le témoignage de sa petite-fille Danielle Minatchy
Résident à Capesterre-Belle-Eau en Guadeloupe.






OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Minakshi Carien (6 février 2023). Antoinette Félicité Narayaninsamy née Permal dit « Man Nénette » – 1920 – . Projet çak. Consulté le 11 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/t1ar